Gisèle HAMAIDE

Evocation de la vie d’autrefois à Saint-Marceau
Réalisé le 28 Avril 2015 par les Monfis


Gisèle avait 6 mois quand ses parents sont venus habiter la maison, actuellement au 13 rue de la Folie, fin juin 1933. Ceux-ci, après leur mariage, en 24, ont habité la maison LEBAS avant les CROIZIER, et c’est là, en 1926, qu’est née Raymonde, leur fille aînée.

Jules PARIS, le père de Marcel Jean-Baptiste (ouvrier cloutier à l’usine de Saint Marceau), tenait avec sa femme Eugénie, née LEROY, une petite épicerie dans sa maison (au 10 rue de Chalandry ?), maison habitée ensuite par Geneviève, sa fille .

La femme de Marcel, Julia, née RONDEAUX , était arrivée de Belgique, après la guerre de 14-18, avec ses parents venus exploiter la ferme de la famille DIE. Ceux-ci cédèrent l’exploitation à leur fils Robert avant la guerre mais durent quitter le village (ils allèrent à St Menges) avant de pouvoir acheter la maison de la Grand-rue.

Avant - guerre, Gisèle est allée à l’école avec Madame TROYON, qui la faisait descendre chez les grands pour réciter. Raymonde est allée au CC de Mohon pendant un an, à noter qu’il y avait à cette époque un bus qui s’arrêtait en bas de la côte ; et la voisine, Léonie, accompagnait l’enfant jusque là..

Fin 1939, Marcel, contremaître chez LEFORT, a été envoyé (en fait mobilisé et affecté à l’entreprise) à la TRICHERIE dans la Vienne, pour s’occuper de la délocalisation de l’usine *.
Il fit venir sa famille quelques mois plus tard. Raymonde se souvient un peu du voyage impressionnant : train en première classe, hôtel luxueux à Paris, taxi, puis le train jusqu’à Poitiers où son père était venu les chercher en camion. Mais dans la maison qui leur était affectée, il n’y avait pas de meubles, ils ont dormi sur des « chalits » et Marcel a dû se démener pour trouver des meubles.
La famille est restée là-bas jusqu’en 1945. Gisèle a eu le temps d’y faire sa communion et a eu la surprise de recevoir la visite de Mélanie et de Nelly RONDEAUX, sa grand-mère et sa tante. Elle allait à l’école à pied à Beaumont. Ils habitaient à La Tricherie alors que M DANGY, parent avec Bernard HAMAIDE, en tant que directeur de l’usine, habitait, lui, dans un château à une cinquantaine de km. Quand en 1944, l’usine et les chemins de fer ont été bombardés, la famille s’est éloignée, seul Marcel est resté pour garder l’usine et la cité ouvrière, malgré les tremblements et les vitres qui volaient en éclats.

Quand la famille est rentrée à St Marceau en 1945, elle a retrouvé la maison de la rue de la Folie très dégradée : portes arrachées, boiseries brûlées ..etc… , donc inhabitable (elle avait été utilisée par la WOL). En attendant que Marcel la remette en état (après une déclaration pour dommages de guerre), les PARIS ont trouvé à se loger (chez la grand-mère ?) à l’actuel numéro 1 de la grand-rue, où habitaient anciennement les VASSANT.

La maison de la rue de La Folie, maison qui après 1914 abritait un café, comportait 4 pièces habitables et était chauffée par la cuisinière à bois. On cultivait des légumes dans le jardin et on élevait des lapins, comme dans beaucoup de maisons de Saint Marceau. Il n’y avait bien sûr pas d’eau, il fallait aller la tirer au puits, puits qu’il a fallu réparer en 1945, cf la facture de l’entreprise qui a réalisé ce travail. Le puits était commun aux trois maisons « PARIS », habitées à l’époque au n° 11 par Albertine BACH, son mari Aloïs et sa mère Almycie GUILMART et au n° 2 par Léonie PARIS.
Anecdote : le 1er janvier 1934, Marcel, Julia et les 2 filles sont allés souhaiter la bonne année à Léonie et le chien de celle-ci a mordu Raymonde si fort qu’il a fallu l’emmener chez le médecin à Boulzicourt (en carriole). Par ailleurs, Raymonde a rappelé à Gisèle que le médecin de Flize, DEPARPE ?, faisait parfois ses visites à cheval.

Il n’y avait avant - guerre que 3 voitures à St Marceau : la camionnette de M LONGUET, la traction de M DEHUT, et la peugeot de M TROYON.
Gisèle a interrogé Raymonde, plus âgée, qui se souvient mieux de cette période. Elle se souvient entre autre de l’incendie qui, en 33, a ravagé la boulangerie CHAIDRON, et aussi de l’épicerie au café LAPORTE (en plus de celle de ROLAND sur la place de l’école).
Elles ont également le souvenir que « la fille du château » (probablement la sœur de Claude RENAUDIN) s’occupait des enfants du village pendant les vacances, elle les emmenait promener ou les occupait à l’intérieur quand il pleuvait. Elle aimait faire une crèche où Gisèle se rappelle (par ouï dire) avoir été une fois le Jésus au château, alors que ce rôle était habituellement tenu par Isabelle COURTEVILLE à l’église.
Les distractions de l’époque étaient traditionnelles : les promenades du dimanche vers Constantine, les jeux de quilles (Longuet, Champeaux, Camus..) . Adolescentes, après - guerre, les demoiselles appréciaient les bals chez LONGUET, les fêtes au village ou à Boulzicourt (chaperonnées par la maman qui suivait à vélo !!). Le grand-père Jules faisait partie d’un orchestre et jouait de la batterie dans les bals.
Les jeunes chantaient à la chorale de l’église, mais Gisèle ne se rappelle plus qui s’en occupait.

L’électricité était arrivée au village depuis peu ( ) mais ne servait pratiquement qu’à l’éclairage des maisons. Marcel l’a utilisée pour installer le premier poste de radio de Saint Marceau. Il lui a fallu dresser une grande antenne extérieure et capter ainsi Radio Toulouse ( !).

Gisèle n’ a pas pu passer son certificat d’études dans la Vienne et a été obligée de faire une année supplémentaire à l’école primaire de Saint Marceau. Le souvenir qui l’a le plus marquée était que l’instituteur, M TOURTE, battait son fils en classe devant les autres élèves, à coups de ceinture et s’acharnait tellement que sa femme, institutrice qui s’occupait des petits à l’étage, devait descendre pour protéger son garçon.

La société LEFORT s’était équipée pour ses employés d’installations sportives, on pratiquait le basket et il y avait de grands rassemblements de gymnastique au Moulin LEBLANC.

Après-guerre, Marcel conduisait une grosse moto et rendait service en véhiculant des gens du village, il y avait très peu de voitures.

Une petite note comique pour terminer : Marcel et Julia avaient un chien, un très beau chien de chasse, appelé Moulouk, qui n’avait qu’un tort, celui d’avoir peur des coups de fusil !

* usine stratégique pour l’armée car elle fabriquait du fil de fer barbelé.
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