Émile TROYON

Décembre 2002
Mr EMILE TROYON
ancien instituteur de
St MARCEAU

Monsieur le maire
         Mesdames, Messieurs
 
 
         En répondant à votre invitation, j’ai le plaisir de remuer de lointains souvenirs ;
 
Je vous signale que, pédagogiquement, je suis sensé avoir exercé mon métier pendant 10 ans à Saint Marceau, d’octobre 1935 à octobre 1945. En réalité, je n’ai effectivement enseigné que pendant 4 ans, d’octobre 1935 à fin juillet 1939.
Ayant reçu ma nomination pour l’école de St Marceau fin septembre 1935, je suis allé prendre contact avec le maire, Mr DEHUT. Nous sommes allés visiter ma future classe, mon logement et la mairie. Hélas ! C’est avec une grande surprise que j’ai constaté que l’armoire aux fournitures de l’école était entièrement vide ; Il n’y avait aucun livre, aucun matériel, c’était le néant absolu ! 
         J’ai donc demandé à Mr DEHUT l’autorisation de commander d’urgence le matériel nécessaire, pour les grands et les petits, à la librairie BOUCHE à CHARLEVILLE.
         La précédente institutrice, Mme BOTHY, qui venait de déménager, avait succédé à Mr BOUILLON et je peux dire qu’elle n’a pas facilité mon travail et mon adaptation. A la rentrée d’octobre, j’ai recensé 56 élèves !
         En même temps, grâce à Mr Charles PARIS, adjoint au maire, j’ai commencé mon apprentissage de secrétaire de mairie.
         Heureusement, l’administration académique, consciente de ce lourd effectif, a créé une seconde classe en décembre 1935 qui allait fonctionner à la rentrée de janvier, dans le local de la mairie, obligeant ainsi le conseil municipal à émigrer dans la petite salle contiguë où se trouvaient les registres et archives de la commune.
         2 adjointes, Mlle MARTEAU et Mme OELIG, se sont succédé dans cette classe sise au 1er étage. A la suite de mon mariage le 5 août 1936, c’est mon épouse, institutrice, qui a enseigné dans cette nouvelle classe.
         Revenons à cette rentrée d’octobre 1935 : célibataire, j’avais un logement de 4 pièces (2 au rez de chaussée et 2 à l’étage). Dans la cuisine attenante à ma classe, il y avait un évier, mais pas de robinet ! Naturellement il n’y avait aucune installation de douches et pas de toilettes, celles-ci se trouvaient dehors, dans la petite cour (à la place de l’actuelle classe maternelle). N’ayant aucune disposition pour préparer mes repas, j’ai été content de prendre pension chez Mme ROUSSEAUX qui tenait un café à côté de l’école (à l’actuel n° 9 de la grand rue).
Je vais maintenant vous parler de notre environnement : notre cour d’école faisant partie du domaine public, il était difficile, au cours des récréations, d’empêcher les enfants de courir sur la rue, par bonheur peu de véhicules y circulaient et heureusement il n’y a jamais eu d’accident. Autre anomalie : à cause de la présence du puits dans la cour de l’école, les W-C étaient situés de l’autre côté de la mairie, le long du mur du château, en face du café ROUSSEAUX. Pour y accéder, les enfants devaient emprunter la rue. Il est heureux que les municipalités suivantes aient pensé à réorganiser la sécurité des enfants.
Quant au puits, profond, situé près de ma classe, j’étais souvent gêné par le bruit de la chaîne métallique et aussi par les commérages des dames qui parlaient fort ! J’ai dû intervenir à plusieurs reprises pour les inciter à venir chercher de l’eau en dehors des heures de classe.
Au cours d’une réunion du conseil municipal, le maire et ses conseillers devaient prendre position au sujet d’une adduction d’eau à installer dans les habitations et dans les étables. Après une âpre discussion, les conseillers cultivateurs, qui possédaient des puits en activité et donc de l’eau gratuitement, ont opposé leur veto, malgré la promesse de 95% de subventions de l’état et du département.
A noter que, n’ayant aucun terrain de sports à ma disposition,j’ai parfois , au cours de la belle saison, emmené mes élèves dans une vieille carrière (en dessous de l’actuel terrain de sports). Avec deux poteaux fournis par Mr LONGUET au sommet desquels étaient cloués deux seaux troués, nous arrivions à pratiquer un mini-basket (voir photographie).
 
En conclusion, je vous dirai que j’ai toujours conservé un bon souvenir de mes 4 années d’enseignement. Je n’oublie pas que mes deux premiers enfants sont nés dans votre ancienne mairie-école,qui ,depuis ,a été rénovée et changée.
Les souvenirs, que je viens d’évoquer, datent de plus de 65 ans aussi, je vous prie d’excuser leur présentation dans un désordre involontaire.
 
Emile TROYON


En supplément, note de Mme LESEULTRE-TROYON :
Maman a enseigné à St MARCEAU de 1936 à 1940, a été envoyée dans les DEUX-SEVRES, et a été rappelée en 1942 à St MARCEAU, où elle a pris la place de papa. Elle a eu pour adjointe Mlle DOUCE. Mon frère et ma sœur aînés avaient 5 et 3 ans en 1942 et sont allés à l’école de ST MARCEAU. En octobre 1945, mes parents ont eu leur changement pour BOULZICOURT.
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